Du flair?
Je m'excuse d'avance pour les fautes éventuelles de relecture, je publie ce texte en vitesse pour être dans les temps (nouveau défi de Nandra: le texte doit contenir une description de balancement), mais sans corriger, de peur que mon PC plante à nouveau sans me laisser mettre en ligne...
Cette fois-là, j'étais à l'étage, accoudée à la rambarde qui bordait les travées surplombant la grande salle. il faisait plus frais, là-haut. Ça sentait la vieille pierre, et pas cet affreux mélange de parquet ciré et de transpiration.
J'avais rapidement repéré le lustre. Un très gros lustre, chargé de vraies bougies - je croyais que ça ne se faisait plus -. Les flammes, toutes fières d'être de la partie, ondulaient à peine et se tenaient bien droites. Elles se miraient coquettement dans les éclats de cristal qui buissonnaient autour d'elles. Dans les prismes se trémoussaient avec leurs reflets ceux des convives.
La plupart d'entre eux étaient encore au buffet. Trois longues tables disposées en U et recouvertes de nappes bleu nuit regorgeaient de pains surprises, verrines et autres flûtes de champagne.
Les plus voraces ne prenaient même pas le temps de vider la bouche avant de se resservir, notai-je. Mon regard s'est attardé un instant sur l'un des goinfres qui, vêtu d'un impeccable smoking, s'empiffrait sans même noter qu'il piquait des gourmandises au nez et à la barbe d'invités mieux éduqués. A son bras était engluée une fille aux joues déjà rosies par l'alcool, la chaleur, ou peut être l'euphorie de se trouver à cette soirée mondaine, sous l'oeil impérial du grand lustre. Elle se tenait néanmoins encore relativement bien, riant juste ce qu'il fallait aux blagues que son compagnon laissait tomber entre deux bouchées.
Je me suis hissée sur la rambarde, qui était assez large pour que je m'y asseye de manière relativement stable, adossée à un pilier, les bras entourant les genoux. A vrai dire, si je n'avais pas eu cette étrange conviction en arrivant que quelque chose d'extraordinaire allait se produire, je me serais éclipsée depuis longtemps. Mon calepin contenait les informations suffisantes pour écrire un article, le juriste qui m'avait invitée après la conférence de presse à me joindre à la fête qui se donnait ensuite m'avait vite abandonne pour un collègue au pulpeux attaché-case.
Deux minutes avant la secousse, le Dj a choisi pour ses platines un tube qui a semblé mettre tout le monde d'accord: des dizaines de fessiers ont commencé à s'agiter, des bras se sont élevés vers le lustre comme pour le narguer.
Et puis il y a eu ce grondement terrible, qui venait du sol. Un grincement sourd et grave, détrompant vite ceux qui croyaient que leurs sens éméchés leur jouaient des tours. Je me suis machinalement agrippée au pilier lorsque le lustre a commencé à frissonner dans un froufrou de verroterie qui a fait lâcher à la foule des hurlements de terreur. Le Dj a coupé la musique. Tous les yeux se sont levés vers le lustre, dont les oscillations placides prenaient de l'ampleur. Du plâtre s'est époussiéré sur les permanentes indifférentes des dames aux paupières écarquillées.
Lentement, tous se sont écartés du centre de la salle. Le gémissement de faïence qu'ont laissé échapper les assiettes nous a indiqué la réplique du séisme.
Le terrible lustre continuait à se prendre pour un balancier de pendule aux faux airs de danseuse hawaïenne.
"Aloha", ai-je murmuré, prise par une irrépressible envie de sourire.
Le grondement de la terre a soudain cessé pour laisser place au silence, troublé seulement par les tintements du cristal, qui se sont amenuisés à leur tour, et ma gorge s'est nouée devant tant d'impuissance.
Cette fois-là, j'étais à l'étage, accoudée à la rambarde qui bordait les travées surplombant la grande salle. il faisait plus frais, là-haut. Ça sentait la vieille pierre, et pas cet affreux mélange de parquet ciré et de transpiration.
J'avais rapidement repéré le lustre. Un très gros lustre, chargé de vraies bougies - je croyais que ça ne se faisait plus -. Les flammes, toutes fières d'être de la partie, ondulaient à peine et se tenaient bien droites. Elles se miraient coquettement dans les éclats de cristal qui buissonnaient autour d'elles. Dans les prismes se trémoussaient avec leurs reflets ceux des convives.
La plupart d'entre eux étaient encore au buffet. Trois longues tables disposées en U et recouvertes de nappes bleu nuit regorgeaient de pains surprises, verrines et autres flûtes de champagne.
Les plus voraces ne prenaient même pas le temps de vider la bouche avant de se resservir, notai-je. Mon regard s'est attardé un instant sur l'un des goinfres qui, vêtu d'un impeccable smoking, s'empiffrait sans même noter qu'il piquait des gourmandises au nez et à la barbe d'invités mieux éduqués. A son bras était engluée une fille aux joues déjà rosies par l'alcool, la chaleur, ou peut être l'euphorie de se trouver à cette soirée mondaine, sous l'oeil impérial du grand lustre. Elle se tenait néanmoins encore relativement bien, riant juste ce qu'il fallait aux blagues que son compagnon laissait tomber entre deux bouchées.
Je me suis hissée sur la rambarde, qui était assez large pour que je m'y asseye de manière relativement stable, adossée à un pilier, les bras entourant les genoux. A vrai dire, si je n'avais pas eu cette étrange conviction en arrivant que quelque chose d'extraordinaire allait se produire, je me serais éclipsée depuis longtemps. Mon calepin contenait les informations suffisantes pour écrire un article, le juriste qui m'avait invitée après la conférence de presse à me joindre à la fête qui se donnait ensuite m'avait vite abandonne pour un collègue au pulpeux attaché-case.
Deux minutes avant la secousse, le Dj a choisi pour ses platines un tube qui a semblé mettre tout le monde d'accord: des dizaines de fessiers ont commencé à s'agiter, des bras se sont élevés vers le lustre comme pour le narguer.
Et puis il y a eu ce grondement terrible, qui venait du sol. Un grincement sourd et grave, détrompant vite ceux qui croyaient que leurs sens éméchés leur jouaient des tours. Je me suis machinalement agrippée au pilier lorsque le lustre a commencé à frissonner dans un froufrou de verroterie qui a fait lâcher à la foule des hurlements de terreur. Le Dj a coupé la musique. Tous les yeux se sont levés vers le lustre, dont les oscillations placides prenaient de l'ampleur. Du plâtre s'est époussiéré sur les permanentes indifférentes des dames aux paupières écarquillées.
Lentement, tous se sont écartés du centre de la salle. Le gémissement de faïence qu'ont laissé échapper les assiettes nous a indiqué la réplique du séisme.
Le terrible lustre continuait à se prendre pour un balancier de pendule aux faux airs de danseuse hawaïenne.
"Aloha", ai-je murmuré, prise par une irrépressible envie de sourire.
Le grondement de la terre a soudain cessé pour laisser place au silence, troublé seulement par les tintements du cristal, qui se sont amenuisés à leur tour, et ma gorge s'est nouée devant tant d'impuissance.